Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/97

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Pour punir Picard, Joséphine ménage une faveur à Alexandre Duval. Elle sait par Deschamps que Duval doit lire une comédie chez Sophie Gay : la lecture aura lieu au palais impérial. Duval revient d’un tour en Russie où il a fui le mécontentement provoqué chez le Maître par son Édouard en Écosse. Il craint quelque mésaventure nouvelle, et n’a pas envie de retourner chez les Moscovites. Mais on l’assure de la bienveillance de Joséphine, et Sophie Gay l’introduit à la cour.

À leur entrée, le salon est bondé. Grosse affaire que de régler l’étiquette d’un cercle où pour la première fois tout le monde est assis ! Mme de La Rochefoucauld est au supplice ! Il y a eu des hésitations, de l’inexpérience, des vanités froissées ; Sophie remarque que ce spectacle captive Alexandre Duval au point de lui faire oublier qu’il y doit jouer son rôle. D’un geste, l’impératrice invite l’auteur à prendre place à la table préparée pour lui ; un signe du général d’Harville, et hommes et femmes s’asseoient. Un silence. « Et le premier acte s’écoule comme un ruisseau sur un terrain plat. »

Le titre de la pièce : le Tyran domestique, a mis quelques courtisans en défiance. Ils se rassurent vite. L’attention et les éloges de l’impératrice décident du succès de la lecture, qui s’achève sur une mésaventure de M. le Directeur des Ponts et Chaussées, Crété : il a bravé ses propres routes pour assister à la soirée, et en éprouve une telle fatigue que, dans l’excellent fauteuil où le hasard l’a installé, ses gros membres se détendent, son gros corps se délasse, et il s’assoupit. Le bruit des voix qui com-