Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/98

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plimentent l’auteur le réveille. Voyant tout le monde debout, confus d’être le seul assis, il veut se relever précipitamment : « Mais les beaux cygnes blancs sculptés par Jacob et qui soutiennent les bras du fauteuil, se sont incrustés pendant son sommeil dans les cuisses du dormeur ; rien ne peut les en séparer, et c’est armé de ce bouclier tenace qu’il vient mêler ses éloges à tous ceux dont on accable l’auteur ». Il n’y a pas de sérieux qui tienne devant le comique d’une telle situation. L’impératrice s’efforce de n’en rien voir ; le rire qui gagne l’assistance s’égare sur l’un des personnages de la pièce, que l’auteur n’aurait jamais cru si drôle…, jusqu’à ce que le fauteuil lâche sa proie.

Entre temps, une expérience personnelle apprend à Sophie Gay la confiance que méritent les récits officiels. Elle reçoit une lettre très détaillée, très exacte, relatant le désastre arrivé à la Flottille de Boulogne par la faute de l’empereur, qui n’a pas voulu revenir sur un ordre inconsidérément donné à l’amiral Bruix. L’impératrice en reçoit une également ; elle en fait part à son entourage : simplement, une imprudence de Bruix a failli être funeste à la Flottille, et, pour finir, l’empereur s’accuse d’avoir beaucoup ri d’une mésaventure survenue au ministre de la Marine, Decrès : peu ingambe et fort replet, le ministre a voulu passer sur une planche, du quai à bord d’une canonnière ; il perdit l’équilibre, tomba à l’eau, et ne fut repêché qu’à grand’peine. À ce récit chacun de rire, comme avait ri l’empereur.

Soudain, l’arrivée de quelques grands personnages