Page:Malot - Cara, 1878.djvu/92

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Quelques jours auparavant, son oncle lui avait remis une liasse de papiers qui étaient les reçus des sommes dues par son père.

— Je t’avais promis de mener à bien le règlement des affaires de ton pauvre père, j’ai tenu ma promesse, tu trouveras dans cette liasse que tu devras conserver avec soin, les reçus pour solde, — il avait souligné ce mot, — de ses créanciers, de tous ses créanciers.

Elle s’était jetée alors dans ses bras et, ne trouvant pas de paroles pour lui exprimer sa reconnaissance, elle l’avait tendrement embrassé.

L’honneur de son père était sauf et c’était à son oncle qu’elle le devait. Il avait tout payé puisque les créanciers, tous les créanciers avaient signé des quittances pour solde : on ne donne des quittances que contre argent.

La lettre de Rouen lui prouva qu’en raisonnant ainsi, elle se trompait et connaissait mal les affaires.

Elle était d’une vieille dame, cette lettre, avec qui Madeleine s’était trouvée assez souvent en relations dans une maison amie, et c’était en rappelant le souvenir de ces relations que cette vieille dame s’appuyait pour lui écrire.

Créancière de l’avocat général pour une somme de dix mille francs prêtée d’une façon assez irrégulière, elle avait été appelée par l’homme d’affaires chargé de liquider la succession de M. Haupois, et on lui avait offert cinq mille francs pour tout paiement, en exigeant d’elle une quittance entière ; tout d’abord elle avait refusé ; mais l’homme d’affaires, ne se laissant émouvoir par rien, lui avait démontré que si elle refusait ces cinq mille francs elle perdrait tout, et, après avoir pris con-