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EN FAMILLE.

« Bonjour, monsieur Vulfran ; bonjour, mademoiselle Aurélie. »

Et aussitôt que la voiture eût dépassé la barrière, elle raconta à ses voisines comment elle avait procuré à cette jeune personne, qui était leur pensionnaire, la bonne place qu’elle occupait auprès de M. Vulfran, par les renseignements qu’elle avait donnés au Mince :

« Mais c’est une gentille fille, elle n’oubliera pas ce qu’elle me doit, car elle nous doit tout. »

Quels renseignements avait-elle pu donner ?

Là-dessus elle avait enfilé une histoire, en prenant pour point de départ les récits de Rosalie, qui, colportée dans Maraucourt avec les enjolivements que chacun y mettait selon son caractère, son goût ou le hasard, avait fait à Perrine une légende, ou plus justement cent légendes devenues rapidement le fond de conversations d’autant plus passionnées que personne ne s’expliquait cette fortune subite ; ce qui permettait toutes les suppositions, toutes les explications avec de nouvelles histoires à côté.

Si le village avait été surpris de voir passer M. Vulfran avec Perrine pour conductrice, Talouel en le voyant arriver fut absolument stupéfait.

« Où donc est Guillaume ? s’écria-t-il en se précipitant au bas de l’escalier de sa véranda pour recevoir le patron.

— Débarqué pour cause d’ivrognerie invétérée, répondit M. Vulfran en souriant.

— Je suppose que depuis longtemps vous aviez l’intention de prendre cette résolution, dit Talouel.

— Parfaitement. »