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SANS FAMILLE

Maintenant qu’allait-il se passer ?

Nous ne restâmes pas longtemps dans l’incertitude, et le lendemain du jour où le père devait payer son annuité avec le produit de la vente des plantes, nous vîmes entrer à la maison un monsieur en noir, qui n’avait pas l’air trop poli et qui nous donna un papier timbré sur lequel il écrivit quelques mots dans une ligne restée en blanc.

C’était un huissier.

Et depuis ce jour il revint à chaque instant, si bien qu’il finit par connaître nos noms.

— Bonjour Rémi, disait-il ; bonjour Alexis, cela va bien, mademoiselle Étiennette ?

Et il nous donnait son papier timbré, en souriant, comme à des amis.

— Au revoir, les enfants !

— Au diable ?

Le père ne restait plus à la maison, il courait la ville. Où allait-il ? je n’en sais rien, car lui qui autrefois était si communicatif, il ne disait plus un mot. Il allait chez les gens d’affaires, sans doute devant les tribunaux.

Et à cette pensée je me sentais effrayé ; Vitalis aussi avait paru devant les tribunaux et je savais ce qui en était résulté.

Pour le père, le résultat se fit beaucoup plus attendre et une partie de l’hiver s’écoula ainsi ; comme nous n’avions pas pu, bien entendu, réparer nos serres et faire vitrer nos panneaux, nous cultivions le jardin en légumes et en fleurs qui ne demandaient pas d’abri ; cela ne serait pas d’un grand produit,