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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/239

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SANS FAMILLE

— Barberin doit loger maintenant à l’hôtel du Cantal, passage d’Austerlitz : il y était il y a trois semaines.

Je remerciai et sortis, mais avant d’aller au passage d’Austerlitz qui, je le pensais, était au bout du pont d’Austerlitz, je voulus savoir des nouvelles de Garofoli pour les porter à Mattia.

J’étais précisément tout près de la rue de Lourcine ; je n’eus que quelques pas à faire pour trouver la maison où j’étais venu avec Vitalis : comme le jour où nous nous y étions présentés pour la première fois, un vieux bonhomme, le même vieux bonhomme, accrochait des chiffons contre la muraille verdâtre de la cour ; c’était à croire qu’il n’avait fait que cela depuis que je l’avais vu.

— Est-ce que M. Garofoli est revenu ? demandai-je.

Le vieux bonhomme me regarda et se mit à tousser sans me répondre : il me sembla que je devais laisser comprendre que je savais où était Garofoli, sans quoi je n’obtiendrais rien de ce vieux chiffonnier.

— Il est toujours là-bas ? dis-je en prenant un air fin, il doit s’ennuyer.

— Possible, mais le temps passe tout de même.

— Peut-être pas aussi vite pour lui que pour nous.

Le bonhomme voulut bien rire de cette plaisanterie, ce qui lui donna une terrible quinte.

— Est-ce que vous savez quand il doit revenir ? dis-je lorsque la toux fut apaisée.

— Trois mois.

Garofoli en prison pour trois mois encore, Mattia pouvait respirer ; car avant trois mois mes parents