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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/260

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SANS FAMILLE

En deux minutes nos sacs furent bouclés et nous descendîmes prêts à partir.

Quand elle nous vit ainsi équipés, la maîtresse d’hôtel poussa les hauts cris :

— Le jeune monsieur, — c’était moi le monsieur, — n’attendait donc pas ses parents ? cela serait bien plus sage ; et puis les parents verraient comme le jeune monsieur avait été bien soigné.

Mais ce n’était pas cette éloquence qui pouvait me retenir : après avoir payé notre nuit, je me dirigeai vers la rue où Mattia et Capi m’attendaient.

— Mais votre adresse ? dit la vieille.

Au fait il était peut-être sage de laisser mon adresse, je l’écrivis sur son livre.

— À Londres ! s’écria-t-elle, deux jeunesses à Londres ! par les grands chemins ! sur la mer !

Avant de nous mettre en route pour Boulogne, il fallait aller faire nos adieux au père.

Mais ils ne furent pas tristes ; le père fut heureux d’apprendre que j’allais bientôt retrouver ma famille, et moi j’eus plaisir à lui dire et à lui répéter que je ne tarderais pas à revenir avec mes parents pour le remercier.

— À bientôt, mon garçon, et bonne chance ! si tu ne reviens pas aussi tôt que tu le voudrais, écris-moi.

— Je reviendrai.

Ce jour-là nous allâmes sans nous arrêter jusqu’à Moisselles où nous couchâmes dans une ferme, car il importait de ménager notre argent pour la traversée ; Mattia avait dit qu’elle ne coûtait pas cher ; mais encore à combien montait ce pas cher ?