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Page:Malot - Sans famille, 1887, tome 2.djvu/28

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SANS FAMILLE

ma carte, que j’étalai sur l’herbe. Je fus assez longtemps à m’orienter ; mais enfin je finis par tracer mon itinéraire : Corbeil, Fontainebleau, Montargis, Gien, Bourges, Saint-Amand, Montluçon. Il était donc possible d’aller à Chavanon, et si nous avions un peu de chance, il était possible aussi de ne pas mourir de faim en route.

— Qu’est-ce que c’est que cette chose-là ? demanda Mattia en montrant ma carte.

Je lui expliquai ce que c’était qu’une carte et à quoi elle servait, en employant à peu près les mêmes termes que Vitalis, lorsqu’il m’avait donné ma première leçon de géographie.

Il m’écouta avec attention, les yeux sur les miens.

— Mais alors, dit-il, il faut savoir lire ?

— Sans doute : tu ne sais donc pas lire ?

— Non.

— Veux-tu apprendre ?

— Oh ! oui, je voudrais bien.

— Eh bien, je t’apprendrai.

— Est-ce que sur la carte on peut trouver la route de Gisors à Paris ?

— Certainement, cela est très-facile.

Et je la lui montrai.

Mais tout d’abord il ne voulut pas croire ce que je lui disais quand d’un mouvement du doigt je vins de Gisors à Paris.

— J’ai fait la route à pied, dit-il, il y a bien plus loin que cela.

Alors je lui expliquai de mon mieux, ce qui ne veut pas dire très-clairement, comment on marque