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SANS FAMILLE

ces champs bien cultivés et de ces bois sombres qui l’encadraient de verdure.

— Sois certain que c’est sur la Seine que madame Milligan a promené son fils malade, me dit-il.

— C’est ce que nous allons bientôt savoir, en faisant causer les gens du village qui est au-dessous.

Mais j’ignorais alors qu’il n’est pas facile d’interroger les Normands, qui répondent rarement d’une façon précise et qui, au contraire, interrogent eux-mêmes ceux qui les questionnent.

C’est-y un batiau du Havre ou un batiau de Rouen que vous demandez ? — C’est-y un bachot ? — C’est-y une barquette, un chaland, une péniche ?

Quand nous eûmes bien répondu à toutes les questions qu’on nous posa, il fut à peu près certain que le Cygne n’était jamais venu à La Bouille, ou que, s’il y avait passé, c’était la nuit, de sorte que personne ne l’avait vu.

De La Bouille nous allâmes à Rouen, où nos recherches recommencèrent, mais sans meilleur résultat ; à Elbeuf, on ne put pas non plus nous parler du Cygne ; à Poses, où il y a des écluses et où par conséquent on remarque les bateaux qui passent, il en fut de même encore.

Sans nous décourager, nous avancions, questionnant toujours, mais sans grande espérance, car le Cygne n’avait pas pu partir d’un point intermédiaire ; que madame Milligan et Arthur se fussent embarqués à Quillebeuf ou à Caudebec, cela se comprenait, à Rouen mieux encore ; mais puisque nous ne trouvions