Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/142

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Barberin pût examiner notre vache, qui maintenant était sa vache. À chaque découverte que mère Barberin faisait, elle poussait des exclamations de contentement et d’admiration :

– Quelle belle vache !

Tout à coup elle s’arrêta et me regardant :

– Ah çà ! tu es donc devenu riche ?

– Je crois bien, dit Mattia en riant, il nous reste cinquante-huit sous.

Et mère Barberin répéta son refrain, mais avec une variante :

– Les bons garçons !

Cela me fut une douce joie de voir qu’elle pensait à Mattia, et qu’elle nous réunissait dans son cœur.

Pendant ce temps, notre vache continuait de meugler.

– Elle demande qu’on veuille bien la traire, dit Mattia.

Je courus à la maison chercher le seau de fer-blanc bien récuré, dans lequel on trayait autrefois la Roussette et que j’avais vu accroché à sa place ordinaire, bien que depuis longtemps il n’y eût plus de vache à l’étable chez mère Barberin. En revenant je l’emplis d’eau, afin qu’on pût laver la mamelle de notre vache, qui était pleine de poussière.

Quelle satisfaction pour mère Barberin quand elle vit son seau aux trois quarts rempli d’un beau lait mousseux.

– Je crois qu’elle donnera plus de lait que la Roussette, dit-elle.