souper : c’est délicat, c’est maigre, pas de bras, pas de jambes.
– C’est le plus joli enfant du pays.
– Joli, je ne dis pas. Mais solide ! Est-ce que c’est sa gentillesse qui lui donnera à manger ? Est-ce qu’on est un travailleur avec des épaules comme les siennes ? On est un enfant de la ville, et les enfants des villes, il ne nous en faut pas ici.
– Je te dis que c’est un brave enfant, et il a de l’esprit comme un chat, et avec cela bon cœur. Il travaillera pour nous.
– En attendant, il faudra que nous travaillions pour lui, et moi je ne peux plus travailler.
– Si ses parents le réclament, qu’est-ce que tu diras ?
– Ses parents ! Est-ce qu’il a des parents ? S’il en avait, ils l’auraient cherché, et, depuis huit ans, trouvé bien sûr. Ils sont peut-être morts, d’ailleurs.
– S’ils ne le sont pas ? Si un jour ils viennent nous le demander ? J’ai dans l’idée qu’ils viendront.
– Que les femmes sont donc obstinées !
– Enfin, s’ils viennent ?
– Eh bien ! nous les enverrons à l’hospice. Mais assez causé. Tout cela m’ennuie. Demain je le conduirai au maire. Ce soir, je vais aller dire bonjour à François. Dans une heure je reviendrai.
La porte s’ouvrit et se referma.
Il était parti.
Alors me redressant vivement, je me mis à appeler mère Barberin.