Page:Malot - Sans famille, 1902.djvu/76

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– Oh ! maman, dit Arthur.

La dame comprit cet appel : elle dit quelques mots en langue étrangère à une femme qui montrait sa tête dans une porte entre-bâillée et presque aussitôt cette femme apporta une petite table servie.

– Asseyez-vous, mon enfant, me dit la dame.

Je ne me fis pas prier, je posai ma harpe et m’assis vivement devant la table ; les chiens se rangèrent aussitôt autour de moi et Joli-Cœur prit place sur mon genou.

– Vos chiens mangent-ils du pain ? me demanda Arthur.

S’ils mangeaient du pain ! Je leur en donnai à chacun un morceau qu’ils dévorèrent.

– Et le singe ? dit Arthur.

Mais il n’y avait pas besoin de s’occuper de Joli-Cœur, car tandis que je servais les chiens, il s’était emparé d’un morceau de croûte de pâté avec lequel il était en train de s’étouffer sous la table.

À mon tour, je pris une tranche de pâté, et si je ne m’étouffai pas comme Joli-Cœur, je dévorai au moins aussi gloutonnement que lui.

– Pauvre enfant ! disait la dame en emplissant mon verre.

Quant à Arthur, il ne disait rien, mais il nous regardait les yeux écarquillés, émerveillé assurément de notre appétit, car nous étions aussi voraces les uns que les autres, même Zerbino, qui cependant aurait dû se rassasier avec la viande qu’il avait volée.