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Page:Malte-Brun - la France illustrée tome I.djvu/34

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XXII
LA FRANCE ILLUSTRÉE

Saône-et-Loire ; les brèches et les marbres variés de la Côte-d’Or et de l’Aube ; les gris ou jaunâtres de la Haute-Marne ; les marbres veinés de Maine-et-Loire et de la Sarthe ; les noirs et les jaspés de la Mayenne, ceux du Finistère, et les marbres variés du Pas-de-Calais, dont l’un, exploité près de Boulogne, qui a reçu le nom de marbre Napoléon, et qui a été employé à la confection de la colonne de la Grande-Armée, près de cette ville, est reconnaissable à sa couleur café au lait veiné de blanc.

D’autres roches, d’un usage plus modeste, mais aussi plus utile, forment un des produits les plus considérables du territoire français. De vastes ardoisières sont exploitées au pied des Pyrénées et dans les départements de Maine-et-Loire, de la Meuse et des Ardennes. Ceux de la Dordogne et de l’Hérault, de la Loire, de la Côte-d’Or, de l’Yonne, de la Meuse, de Meurthe-et-Moselle, de l’Oise et de la Seine ; ceux de Seine-et-Marne, de Seine-et-Marne, de Seine-et-Oise, du Calvados et de la Manche, renferment les meilleurs calcaires à bâtir ; le calcaire d’eau douce de Château-Landon prend un poli qui lui donne l’aspect du marbre : c’est de cette pierre que sont construits les quatre piédestaux du pont d’Iéna et les bords du bassin du château d’eau sur la place Daumesnil, à Paris. Les environs de Belley, de Dijon et de Châteauroux, fournissent aux dessinateurs d’excellentes pierres lithographiques. Les anciennes provinces de la Bourgogne, de la Champagne, de la Flandre et de l’Île-de-France possèdent la meilleure terre argileuse pour la fabrication des briques et des tuiles ; près de Limoges et de Saint-Yrieix, la décomposition du feldspath contenu dans les roches granitiques fournit cette substance appelée kaolin, si utile à la fabrication de la porcelaine ; dans le département de la Seine-Inférieure, on exploite, près de Forges-les-Eaux, la meilleure argile employée à faire les pipes ; et près d’Elbeuf, celle qui passe pour être la plus propre au terrage du sucre ; celle des environs de Beauvais et de Montereau est employée dans les fabriques de faïence fine ; les départements de l’Yonne, du Cher et de la Charente-Inférieure, abondants en silex, exportaient jadis à l’étranger leurs pierres à fusil ; la petite ville de La Ferté-sous-Jouarre envoie dans l’intérieur, et jusque dans le nouveau monde, ses meules formées de silex-meulière ; les grès des environs de Versailles et de Fontainebleau sont d’une grande utilité pour le pavage de Paris et des routes qui avoisinent cette capitale ; la craie tendre des départements de la Marne, de la Seine et de Seine-et-Oise, est façonnée en pains, qui s’emploient sous le nom de blanc d’Espagne ; enfin, le gypse des environs de Paris fournit l’excellent plâtre dont cette capitale consomme une si grande quantité ; et les carrières d’où on le tire en expédient à des distances considérables.

Les produits qui constituent la richesse minérale de la France ont éprouvé depuis plusieurs années un accroissement sensible et laissent entrevoir dans l’avenir de nouvelles causes d’augmentation. Le fer est le métal qui occupe le plus grand nombre d’usines : en 1880, on en comptait près de 2,500 dont la fabrication donnait une valeur de plus de 150 millions de francs.

Le territoire français est assez riche en minerais de plomb. Ce sont les mines de plomb argentifère que l’on exploite dans les départements du Puy-de-Dôme, du Finistère, de la Lozère et des Vosges, qui produisent la quantité d’argent que l’on recueille en France. Il en existe de semblables, mais qui ne sont point encore exploitées, dans l’Ariège, la Haute-Vienne, les Deux-Sèvres et la Manche. Des montagnards de l’Isère, qui vendent souvent aux orfèvres de Grenoble des morceaux de minerai d’argent, donnent lieu de présumer que la mine d’Allemont, et probablement d’autres des environs, seraient d’un produit important. Le manganèse est tellement abondant en France qu’elle pourrait en approvisionner toute l’Europe. Les alluvions de plusieurs cours d’eau renferment des parcelles d’or. Le Salat, qui sort des Pyrénées, la Cèze et le Gardon, qui prennent leur source dans les Cévennes, l’Ariège et la Garonne, auprès de Toulouse, le Rhône, à la limite du département de l’Ain, et le Rhin, au-dessous de Strasbourg, voyaient jadis sur leurs rives un grand nombre d’individus qui faisaient métier de recueillir ce métal mais, aujourd’hui, le bénéfice d’un orpailleur surpasse à peine ce qu’il gagnerait à un travail plus utile ; et sur les bords du Rhin, où l’on en compte le plus, la récolte du précieux métal, depuis Bâle jusqu’aux environs de Mayence, ne produit pas, année commune, plus de 15,000 francs. Les mines d’or de la Gardette, dans le département de l’Isère, pourraient donner d’importants résultats, si leur exploitation était mieux dirigée.

Voici, d’après la moyenne de ces dernières an-