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XXIV
LA FRANCE ILLUSTRÉE

Nature du sol, productions végétales et animales. — Le sol de la France se divise, d’après sa nature, en pays de montagnes, 4,268,750 hectares ; pays de bruyères ou de landes, 5,676,089 ; sol de riche terreau, 7,276,368 ; sol de craie ou calcaire, 9,788,197 ; sol de gravier, 3,417,893 ; sol pierreux, 6,612,348 ; sol sablonneux, 5,921,377 ; sol argileux, 2,232,885 ; sol limoneux ou marécageux, 284,454 hectares, etc., etc., etc.

La flore de la France est celle de toutes les régions tempérées ; elle compte plus de 6,000 espèces de 830 genres.

Ces espèces, ces genres sont assujettis au climat et à la latitude ; l’olivier, le maïs et la vigne peuvent servir à déterminer les limites de quatre régions naturelles qui divisent cette contrée ; nous avons figuré sur notre carte de la France physique ces limites par des lignes droites et parallèles ; tandis que, toujours sinueuses, elles suivent les pentes et les contours que produisent les aspérités du sol, et coupent obliquement les degrés de latitude. La région des oliviers occupe, depuis les bords de la Méditerranée, les pentes orientales de la chaîne des Pyrénées, les pentes méridionales des Cévennes et les pentes occidentales des Basses-Alpes. Elle est limitée, au nord, par une ligne qui, partant de Bagnères-de-Luchon, se prolonge directement jusqu’à Die dans le département de la Drôme, et descend à Embrun dans celui des Hautes-Alpes. La région du maïs ne s’étend guère au delà d’une seconde ligne qui commence à l’embouchure de la Gironde, passe au nord de Nevers, et remonte jusqu’à l’extrémité septentrionale de l’Alsace. La vigne, qui occupe ces deux régions, s’étend au delà de celle du maïs, mais ne dépasse pas la ligne que l’on tracerait à quelques lieues au nord de l’embouchure de la Loire, prolongée vers le nord-est, en passant au sud des sources de l’Eure, en suivant les contours des plateaux qui bordent la rive gauche de l’Oise, en s’étendant au nord de l’Aisne et de Verdun, et vers le nord-ouest jusqu’au Rhin. Au delà de cette ligne, la vigne est remplacée par le pommier. Cependant ces limites ne sont pas rigoureusement exactes : ainsi le maïs pourrait être cultivé dans le bassin de Metz, puisqu’il y réussit dans les jardins ; on en récolte une assez grande quantité en Bretagne, sur le versant méridional des montagnes d’Arrée et dans quelques parties de la Flandre française.

Il y a de grands rapports entre la nature géologique du sol et les productions que l’on en peut exiger ; les terres qui contiennent des carbonates de chaux et de magnésie sont éminemment propres à contenir des froments et des légumineuses, et elles ajoutent à l’intensité des principes colorants des plantes tinctoriales. Les terres salifères ne conviennent pas aux céréales, mais bien aux plantes potagères que l’on cultive pour leurs tiges et pour leurs feuilles ; les terres siliceuses conviennent aux plantes dont la végétation a lieu en hiver, comme les seigles et les raves. Les forêts, ainsi que la plupart des arbres fruitiers, se plaisent sur les terres silico-argileuses ; et la vigne, dans les terres silico-marneuses ; les arbres verts, enfin, et les résineux réussissent à merveille dans les terrains sablonneux. Les céréales abondent dans toutes les parties de la France ; la Beauce, la Limagne et la plaine de Toulouse en produisent des quantités considérables. Les menus grains, les légumes secs et les pommes de terre sont aussi fort répandus aujourd’hui. Dans les départements du nord, on cultive le colza, la betterave et le houblon. Les plantes tinctoriales réussissent dans le midi. Le tabac est cultivé dans les départements du nord et dans le bassin de la Garonne. Le Maine, le Limousin, le Lyonnais ont de grandes châtaigneraies, et le fruit de cet arbre est une ressource précieuse pour les départements montagneux du centre de la France. La vigne, qui offre plus de 1,400 variétés, et que l’on cultive sur près de 2 millions d’hectares, produit en moyenne annuelle pour 60 millions 1/2 d’hectolitres de vin. Le noyer acquiert une grande importance dans la basse Auvergne. Les seuls arbres fruitiers importants qui soient réellement indigènes de la France sont : le figuier, le pommier, le poirier, le prunier et le néflier. La culture a naturalisé en France le cerisier, qui vient de l’Asie ; la vigne, apportée par les Phéniciens et l’empereur Probus ; l’olivier, originaire du mont Taurus ; le framboisier, qui vient du mont Ida ; le maïs, de Turquie ; le persil, de Sardaigne ; le grenadier, de l’Afrique ; le radis, l’oranger, le citronnier, le murier blanc, l’igname nous viennent de la Chine ; l’abricotier, de l’Arménie ; l’amandier et le noyer, la laitue et les melons sont encore originaires de l’Asie. Que de conquêtes lointaines n’a pas faites l’horticulture, qui s’enrichit chaque jour d’un nouveau genre, d’une nouvelle espèce !

Le chêne, le bouleau, l’orme, le charme, le frêne et le hêtre de nos forêts, l’aune, qui croît dans