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coucher à la porte de la petite salle, où l’on avait dressé la table pour la famille du percepteur.

Chaque fois qu’il entendait la voix de Mme Gilbert, il entr’ouvrait les yeux et remuait la queue ; chaque fois que Sophie apparaissait à la porte, il se levait et essayait de se glisser dans la salle, discrètement d’ailleurs et sans violence. Vers la fin du dîner, sans que personne eût remarqué son entrée, Mme Gilbert le trouva à côté d’elle. Ne sachant s’il avait bien fait de venir, il la regardait timidement, en clignant ses yeux clairs. La timidité chez les forts a toujours quelque chose de touchant, Mme Gilbert fut donc touchée et lui adressa quelques bonnes paroles. Alors le chien la regarda dans les yeux, et son regard disait clairement: « Je suis venu vers toi parce que je ne pouvais pas m’empêcher de venir ; si tu veux m’emmener, je te suivrai pour t’aimer et te défendre ; si tu ne veux pas de moi, je resterai ici pour t’obéir. »