CHAPITRE XVI
Par une chaude après-midi, les trois enfants jouaient à l’ombre, dans le jardin du percepteur. Lucien était assis dans sa petite voiture devant une grande table de jardin, à la place qu’il aimait le mieux: la place qu’il aimait le mieux était celle d’où il pouvait voir la fenêtre du petit boudoir, où Mme Gilbert travaillait en ce moment à un ouvrage de broderie. Quand elle avait la tête penchée, il regardait son fin et doux profil, guettant le moment où elle lèverait les yeux. Quand elle levait les yeux, il lui souriait de son petit sourire d’enfant malade ; elle lui répondait par un signe de tête et un sourire. Oh ! si seulement la science pouvait inventer un élixir aussi fortifiant que ces sourires-là, combien de pauvres enfants malades reprendraient courage et se rattacheraient à la vie ! Car Lucien reprenait courage, il se rattachait à la vie, et il suivait les prescriptions du médecin non plus par obéissance, mais avec le ferme espoir qu’il guérirait un de ces jours, et qu’il deviendrait pareil aux autres enfants.
Georges et Louise, très rouges et très affairés, trottinaient autour