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Un homme lui demande où il allait.


CHAPITRE XVII


Voyage de M. Pichon à Saumur. — Une grave méprise.


Enfin, M. Pichon s’est décidé à faire le voyage de Saumur ; mais il n’a prévenu personne, parce que, selon lui, il faut surprendre les gens pour savoir exactement ce qu’ils sont et ce qu’ils valent.

M. Pichon, pour ne point mettre l’administration dans l’embarras, s’est choisi un suppléant qui semble présenter toutes les garanties requises. Ce suppléant est un ancien cocher de la Compagnie générale des omnibus de Paris, qui a été pris un beau jour du mal du pays, et qui est revenu chercher fortune en Touraine. La haute situation qu’il a occupée le rend un peu dédaigneux et difficile, comme toutes les grandeurs déchues. Mais il conduit bien, M. Pichon s’en est assuré par lui-même, et la diligence, ainsi que son contenu, sera en sûreté entre ses mains. C’est le point essentiel, car M. Pichon se regarde comme moralement responsable de tout ce qui pourra arriver pendant son absence.

Comme M. Pichon n’a jamais mis le pied dans un wagon de chemin de fer, le voyage de Saumur est pour lui un grand évènement.