M. Pichon fut pris d’une inquiétude…
CHAPITRE XVIII
Quand la malle eut accompli la moitié de son trajet, M. Pichon fut pris d’une inquiétude soudaine ; il avait des fourmis tout le long du bras, mais il n’osait pas l’avouer. Il fit d’abord ce qu’il put pour endurer jusqu’au bout sa torture ; il serra les lèvres, grinça des dents, et ôta son chapeau.
Mais à la fin il n’y put tenir davantage et s’écria:
« Si vous avez le bras fatigué, nous pouvons changer de main.
— Le bras fatigué, jamais ! dit le forgeron en ricanant.
— Alors, reprit M. Pichon d’un air penaud, c’est moi qui n’en peux plus.
— Fatigué ! un conducteur ! dit le forgeron d’un ton de reproche.
— Permettez ! riposta M. Pichon. Si j’avais les bras nus, j’irais comme cela pendant une demi-lieue, mais avec une redingote qui vous coupe les épaules, on n’a pas toute sa force. Forgeriez-vous en redingote, vous ?