Page:Maman J. Girardin.pdf/252

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dames se seront dit : « Voilà l’institution Gilbert qui prend des proportions considérables. La directrice doit avoir besoin de surveillantes: présentons-nous. »

— L’institution Gilbert n’a pas besoin de surveillantes, vous saurez cela, monsieur, dit Mme Gilbert d’un ton de reproche ; mes enfants sont tous très gentils, et je suffis à les surveiller.

— Même le petit cheval échappé ?

— Les autres se sont chargés de veiller sur lui.

— Alors, c’est le système de l’école mutuelle. N’importe, j’ai gagné mon pari.

— Quel pari ?

— J’avais parié que nous aurions un externe de plus dans la huitaine. Avons-nous, oui ou non, un externe de plus ?

— Pauvre petit ! dit Mme Gilbert, quel courage il a montré !

— C’est un externe courageux ; mais enfin c’est un externe, qui porte sur le catalogne le n 6. À quand le no 7 ?

— Taquin, donc bien portant ! répondit Mme Gilbert, en effleurantla joue de son mari avec la lettre ouverte.

—.C’est l’air de la Touraine. »

En prononçant ces mots, le percepteur saisit prestement la lettre et fit mine de l’emporter à son bureau.

« Laisse-moi au moins la finir, lui dit sa femme d’un ton suppliant.

—.Eh bien ! faisons un compromis: tu me la liras tout haut. »

Mme Gilbert se prêta complaisamment à cette fantaisie. Ensuite elle replia la lettre et dit:

« Maintenant que ta curiosité est satisfaite, tu vas écrire au capitaine Maulevrier, pour le prier d’aller prendre ces dames à la gare et de les mettre en voiture ; tu sais que ma mère s’effarouche d’un rien.

— Entendre c’est obéir, » répondit le percepteur en s’inclinant profondément, et il s’en alla tout droit à son bureau.

Au reçu de la lettre, le capitaine Maulevrier s’en alla aux Messageries pour savoir qui conduirait la diligence le jour de l’arrivée de ces dames.