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Page:Maman J. Girardin.pdf/60

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pour voir ce que faisaient les enfants. La petite fille, la main droite dans la main du capitaine Maulevrier, le regardait naïvement avec de bons grands yeux qui faisaient penser à ceux de sa mère ; le petit garçon essayait de se faire livrer par la bonne le faisceau consulaire, parce que la « pauvre Marie devait être fatiguée ».

Marie défendait son faisceau en souriant, et M. Pichon lui adressait mentalement ce discours: « Pardine, ce n’est pas malin d’être de bonne humeur quand on sert du bon monde.

— Maman vous regarde, » dit Marie au petit garçon.

Le petit garçon, ayant levé vivement la tête, rencontra le regard de sa mère. Sans faire la moindre réflexion, il s’en alla en sautillant vers sa mère, lui prit la main, qu’elle lui abandonna en souriant, et passa sa tête sous le bras maternel avec un geste de petit chat caressant.

Enfin le capitaine Gilbert finit par retrouver le billet de bagages dans la poche de son gilet. Le capitaine Maulevrier le lui prit des mains et dit:

« Irons-nous à pied jusqu’à l’hôtel ? c’est à deux pas.

— Te sens-tu de force, mon ami ? demanda Mme Gilbert à son mari.

— Parfaitement, si ce n’est pas loin ; je sens déjà que ce bon air de Touraine me fait du bien. Pourquoi souris-tu ? Je t’assure que c’est vrai, à moins que ce ne soit la vue de ce cher Maulevrier. »

Le cher Maulevrier fit signe au conducteur de l’omnibus du Coq de Bruyère, qui s’approcha vivement, la casquette à la main, et lui remit le bulletin en priant poliment l’homme de l’octroi de visiter les bagages.

L’homme de l’octroi, un gros papa imberbe qui prenait du ventre, aurait été à tout jamais perdu dans l’opinion de M. Pichon, s’il se fût permis de visiter les bagages quand Mme Gilbert en personne lui avait affirmé qu’elle n’avait rien à déclarer.

L’homme de l’octroi salua Mme Gilbert en rougissant, tira un morceau de craie de sa poche, et traça des signes cabalistiques sur tous les colis qui portaient l’indication Paris-Tours, no 7.

« Je crois que nous pouvons partir, » dit le capitaine Maulevrier en offrant son bras à Mme Gilbert.

Il était temps que la petite caravane se décidât à partir, car il n’y avait plus dans la gare que quelques flâneurs qui restaient sans