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Donnez-le-moi, dit-il.


CHAPITRE VII

M. Pichon débrouille ses idées en regardant couler l’eau de la Loire, et met sa montre de Genève en grand danger d’être disloquée.


M. Pichon débrouille ses idées en regardant couler l’eau de la Loire, et met sa montre de Genève en grand danger d’être disloquée. Quand il eut perdu de vue le capitaine Maulevrier et la famille Gilbert, et qu’il eut embarqué son vigneron têtu, le philosophe se trouva dans une singulière situation d’esprit ; il lui sembla tout à coup que la ville de Tours était déserte, que sa journée, à lui, était finie, et qu’il avait un grand espace vide à traverser pour atteindre la journée du lendemain.

Il aurait pu aller rejoindre ses amis à la Pintade, car il n’était que trois heures vingt minutes, et les joueurs de bézigue ne se séparaient jamais avant cinq heures. Mais il ne se sentait disposé ni à jouer au bézigue, ni à boire sa chopine de vin blanc, ni à subir les plaisanteries des conducteurs, ni à y répondre. C’était bizarre, mais c’était comme cela ! il aurait voulu faire autre chose, mais il ne savait pas quoi. comme il sortait de la gare, tout désorienté et les bras ballants, il se dit qu’il ne ferait pas mal d’aller relancer le bourrelier, et de s’assurer par lui-même si la diligence avait été soigneusement rincée. Le bourrelier avait été exact, et la diligence était rincée de fond en comble.