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la brèche aux buffles.

Je disais, tout à l’heure, que ces races avaient les origines les plus diverses. Il paraît certain qu’une ou deux au moins provenaient de percherons. On ne s’en douterait guère maintenant, car depuis quelques années toutes ont reçu une telle infusion de sang anglais que leurs caractères distinctifs sont devenus presque insensibles, et je crois même qu’elles finiront par ne plus former qu’une seule race.

Qu’il soit Hambletonian, Clay, Morgan ou Mambrino, le trotteur de nos jours est un animal à longues jambes et à long dos, peu gracieux, mais dont les performances sont vraiment extraordinaires. Dans les courses au galop, on ne se préoccupe guère que des résultats relatifs. Il est rare qu’on prenne note du temps dans lequel la course a été courue. Dans les courses au trot, il n’en est pas de même. À la rigueur, les chevaux peuvent très bien ne pas courir ensemble. On leur fait parcourir un mille : on note très exactement le temps employé, et la comparaison des résultats, le record, indique le vainqueur. Ces usages permettent de se rendre compte très exactement de la valeur relative de chevaux de régions différentes, et mieux, d’époques différentes : en d’autres termes, ils donnent des indications très précises sur les résultats de l’élevage.

Or l’examen des registres où sont consignées ces observations montre que les progrès accomplis dans cette voie sont extraordinaires. Le parcours est toujours d’un mille (mille six cent cinquante mètres). Le record d’un cheval, c’est le temps qu’il met à faire le mille. Il y a cinquante ans, très peu de chevaux avaient un record de trois minutes. Maintenant, un animal qui n’aurait pas au moins cette vitesse ne serait pas consi-