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Page:Mandat-Grancey La brèche aux buffles - 1889.djvu/267

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la brèche aux buffles.

nent ces vitesses vertigineuses aient des allures désunies. Elles sont au contraire, très généralement, parfaitement régulières. Quelques-uns, parmi les plus remarquables, vont l’amble, comme nos pas-relevés normands. On prétend même que les plus célèbres trotteurs proviennent du croisement d’une jument ambleuse avec un étalon trotteur. Même lancés à fond de train, il est très rare qu’ils cherchent à se désunir. Ils sentent évidemment qu’ils ne gagneraient rien, sous le rapport de la vitesse, à changer d’allure. Il n’y a du reste pas une différence très sensible entre le train d’une course au trot et celui d’une course au galop. J’entendais l’année dernière, à Chantilly, deux sportsmen très connus parler d’une course, à laquelle nous venions d’assister, comme d’une des plus rapides qui eussent été courues à leur connaissance. J’avais noté le temps employé : je ne me souviens plus bien des chiffres mais je me rappelle avoir calculé que si un trotteur, ayant un record de deux minutes, avait couru avec les chevaux que nous venions de voir, il n’y aurait eu à l’arrivée qu’une centaine de mètres entre lui et le vainqueur.

Rien d’étrange comme l’aspect de ces courses. Le parcours est toujours d’un mille juste : je l’ai déjà dit. Le juge se tient dans une tribune élevée de douze ou quinze pieds au-dessus de la piste. Devant lui, un gros fil de fer est tendu horizontalement, à peu près à la même hauteur, au travers de la piste. Sur une tablette sont rangées des montres à secondes d’une construction particulière, dont la trotteuse se dédouble à volonté, une partie demeurant fixe, et l’autre continuant sa course. Chaque concurrent part, à peu près quand et comme bon lui semble. Au moment où le juge voit