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Page:Mandat-Grancey La brèche aux buffles - 1889.djvu/268

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la brèche aux buffles.

passer chaque jockey sous le fil de fer, il pousse le ressort de l’une des montres, et quand le cheval repasse deux minutes à peu près plus tard, on voit d’un simple coup d’œil le temps qu’il a mis à faire le parcours. Les chevaux ne sont jamais montés. Ils sont attelés à ces voitures minuscules munies de roues énormes que tout le monde connaît. On les appelle ici des sulkys. L’homme, assis sur un tout petit siège, est si près de la croupe du cheval qu’il est obligé d’allonger ses deux jambes le long des brancards. Du reste, tout l’équipage a l’apparence la plus grotesque. Pour arriver aux vitesses extraordinaires qu’ils atteignent, les chevaux sont obligés, à chaque foulée, d’envoyer leurs pieds de derrière très en avant de ceux de devant, ce qui les force à marcher les jambes de derrière très écartées. De plus, leurs mouvements sont tellement violents que, malgré cette allure particulière, il faut encore leur mettre des matelassures de tous les côtés ; car, sans cette précaution, les pauvres bêtes se donneraient constamment des atteintes aux endroits les plus invraisemblables.

En outre de ces matelassures, l’équipement d’un trotteur comporte une pièce d’une utilité incontestable, paraît-il, mais qui m’a toujours vivement intrigué, parce que je ne comprends pas très bien comment elle peut agir : je veux parler des toe-weights. On appelle ainsi deux poids en bronze, de forme lenticulaire, qui se fixent sur la partie antérieure des pieds de devant au moyen d’une vis enfoncée dans le sabot. On ne fait jamais trotter un cheval sans lui mettre ses toe-weights : et si on négligeait cette précaution, il paraît qu’il se jetterait par terre presque immanquablement. Pourquoi ? C’est ce que je me suis bien souvent demandé.