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Page:Mandat-Grancey La brèche aux buffles - 1889.djvu/59

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la brèche aux buffles.

fonds de roulement ? Et pour tout ce capital, il ne lui demande qu’une rémunération de 2 ou 3 pour 100, tout au plus.

Un cultivateur français qui entre en ferme se trouve donc par le fait gérant d’une société en commandite. La somme qu’il met dans l’affaire ne représente qu’une part assez faible du capital engagé, et il en tire un revenu de 8 à 10 pour 100, tandis que son associé, le propriétaire, se contente de beaucoup moins.

Bien moins favorisé est le fermier américain. Il peut prendre toute la terre qu’il veut, cela est vrai, à peu près sans bourse délier ; mais il faut qu’il commence par se bâtir une maison et des hébergeages ; puis il lui faut des clôtures, et si, comme cela arrive le plus souvent, il se trouve à court d’argent, il en trouvera à la banque, mais jamais, du moins dans ce pays, à un taux inférieur à 2 et demi pour 100 PAR MOIS[1].

Il est donc très certain, comme je le disais tout à l’heure, qu’au début la situation du fermier français est bien meilleure que celle de l’Américain, puisque, grâce au fermage, il conserve intact tout son capital, que son concurrent est, au contraire, obligé d’écorner dans une énorme proportion. Comme agriculteur, le premier est généralement aussi très supérieur au second, parce qu’il n’a jamais fait que ce métier-là,

  1. Ces opérations ont pris de telles proportions, que le territoire du Dakota a, l’année dernière, passé une loi interdisant un taux d’intérêt supérieur à 12 pour 100. Tout emprunteur qui peut prouver qu’il a payé un intérêt supérieur a le droit de faire établir par les tribunaux que ce qu’il a payé en plus a amorti une partie de la dette. Cette loi n’a du reste servi à rien. Les banques font toutes signer à leurs clients des billets portant une somme supérieure à celle qu’ils ont reçue réellement.