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Page:Mandat-Grancey La brèche aux buffles - 1889.djvu/63

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la brèche aux buffles.

aux apparences ni même aux antécédents, ensuite parce qu’elle me semble curieuse comme étude des mœurs de ce pays.

Je me suis empressé naturellement, en arrivant, de présenter le docteur en déclinant ses titres et qualités. Dès que la mère Rogers a su qu’il était médecin, elle a ouvert la porte de la maison, et nous avons vu un berceau indien en cuir dans lequel se balançait un petit garçon de quatre ou cinq ans, qu’elle a pris dans ses bras, pour le présenter au docteur. Le malheureux petit bonhomme était couvert de boutons d’assez mauvaise apparence, et elle ne savait comment le soigner.

— Comment ! madame Rogers, lui ai-je dit, où avez-vous pris cet enfant ? Vous ne l’aviez pas l’année dernière.

— C’est le fils d’une de mes amies, m’a-t-elle répondu. Sa mère est une Allemande, catholique comme moi. Elle n’était pas mariée et élevait cet enfant comme elle pouvait. L’année dernière, un homme qui a fait sa connaissance à Custer, où elle travaillait, lui a proposé de l’épouser. Seulement, quand le P. Mac Glynn, le curé de Rapid-City, a su que cet homme n’était pas le père de l’enfant, il a refusé de les marier, à moins qu’il ne lui fût prouvé que l’enfant ne serait pas abandonné. La pauvre femme était au désespoir. Alors j’ai proposé d’adopter le petit. Rogers me l’a permis, et le P. Mac Glynn, quand il a su cela, a consenti à célébrer le mariage. Le pauvre petit était bien malade quand je l’ai pris et j’ai passé bien des nuits à le soigner, mais il va déjà bien mieux !