Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/126

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— Tout spectacle sans beauté m’incite aux pensées immorales. Combien je préfère à ces réunions d’apparat — où l’on jette de jeunes fiancées anémiques dans les bras de prétendants scrofuleux — la vue d’une rue populeuse de Montfleuri-les-Pins où passent, enlacés deux par deux, des groupes d’amoureux robustes, jolies filles et beaux garçons, qui se sont choisis simplement parce que la fillette est dodue et que le gars a les yeux bleus… Qu’en pensez-vous, jeune homme ?

Le docteur Antony se tournait vers Camille qui avait accompagné son père chez les Laurenzi et rêvait, sombre et taciturne, depuis le commencement de la soirée.

Camille sursauta ; répondit d’une voix lointaine :

— Je vous demande pardon, docteur : je vous entendais bien, mais j’écoutais mal. Vous m’interrogiez ?

Antony aimait Camille : il l’avait vu naître ; il avait même prêté son assistance médicale à cette opération ; et, suivant le jeune homme à travers la vie avec un intérêt affectueux de