Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/127

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demi-parent, il lui témoignait l’amitié un peu rude d’un camarade âgé. Tantôt il lui disait vous, tantôt il le tutoyait.

Se penchant du côté du magister, le docteur chuchota :

— Il a quelque chose, ton fils. Est-ce qu’il serait malade ? Il a maigri ; il est absorbé.

Tous deux regardèrent Camille. Long, souple, affiné, le bel adolescent s’adossait nonchalamment au chambranle d’une porte, avec une attitude découragée. Son front mélancolique s’inclinait, laissant pendre une boucle rebelle. Il semblait à mille lieues de Montfleuri, du salon Laurenzi et du piano de Mlle Claire. Ainsi posé — immobile, morose, frêle et charmant — il faisait songer à ces beaux sloughis d’Afrique, enfermés dans une cage d’exposition canine, sous un ciel parisien ; et qui, jappant d’énervement, dépaysés, tristes, ennuyés, s’étirent, bâillent, s’allongent, accablés par leur nostalgie de nobles exilés.

Le magister haussa les épaules :