Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/171

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— Lily, je souffrais trop de vivre sans vous… Si vous saviez ! Depuis vingt jours, j’ai traîné des heures lamentables ; mon énergie s’en était allée ; je m’enfonçais dans une inertie lugubre, appréhendant chaque matin la journée que j’allais passer ; souhaitant le repos du soir, à peine étais-je éveillé… quand j’avais dormi la nuit précédente. À la fin, j’ai craint de mourir ou d’avoir une crise de marasme… Ma jeunesse a réagi, m’a conseillé l’effort, la lutte… Je fus prêt à tout affronter, pour vous revoir.

Camille ajouta, baissant la voix :

— Je me rappelai ce que vous m’aviez dit : « Mon mari est très ombrageux : il me défend de sortir seule dorénavant, par peur des rencontres… Car M. Pascal est jaloux de tous les hommes — hormis… ces messieurs… » Ma chère Lily, vous avez peut-être remarqué que je suis d’un naturel indécis ; or, le propre des irrésolus est de prendre subitement un parti désespéré, après avoir hésité longtemps entre plusieurs déterminations passables… J’ai choisi le parti désespéré : puisqu’il ne me