Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/130

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— Moi-même.

— Mademoiselle ne saura jamais ! Et elle ne pourra pas. Mademoiselle est si frêle : elle se fatiguera tout de suite.

— Je ne suis pas si fragile, puisque j’ai résisté… à autre chose !

Et son regard évoquait le chevet de la malade, les nuits de garde et d’insomnies, les tristes semaines de surmenage et d’angoisses, auxquelles sa jeunesse avait opposé la force d’un sang pur.

Puis, enveloppant l’appartement d’un geste circulaire, Laurence ajouta avec un demi-sourire ironique :

— D’ailleurs, pour ce qu’il m’en reste, de ménage ! L’entretien n’en sera guère fatigant.

Elle désignait l’enfilade des pièces vides : le marchand était venu enlever les meubles la veille. Dans l’appartement dénudé, les rares choses qui demeuraient, disparates, désassorties, déplacées, donnaient une impression de campement. Laurence avait conservé sa chambre, le piano de Mme d’Hersac et quelques bibelots qui lui rappelaient sa mère : afin de distraire ces épaves des meubles qu’ils emportaient, les déménageurs les avaient posées toutes dans le même coin : le piano voisinait avec l’armoire à linge.

Maria se lamentait :