Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/148

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Un obus éclatait au milieu d’eux, en pleine tranchée. Des cris. Une bouillie d’hommes. D’autres tombaient, atteints par des éclats.

— Mon lieutenant, vous êtes blessé !

François avait senti un choc à l’épaule gauche. Il ne se croyait pas grièvement touché ; une bouffée de chaleur emplissait sa poitrine ; et il chancelait, sans s’en apercevoir.

Un soldat s’élança vers lui et le prit dans ses bras. On le porta jusqu’au poste de secours. Là, seulement, François d’Hersac devina qu’il s’en allait ; il ne souffrait pas, il avait la sensation de fondre peu à peu comme une chose qui se vide.

François reprenait conscience, couché au milieu d’autres blessés, à l’ambulance du front.

La récente attaque avait été meurtrière. On avait évacué vers l’arrière les hommes transportables. Ceux qui restaient là étaient dans un état désespéré. Les uns, rouges et fié-