Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/21

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— Il gérait les intérêts de maman et préparait ses examens de droit.

L’homme d’affaires baissa la voix pour questionner d’un air complice :

— Pourquoi diable n’a-t-il pas agi comme moi : je suis mobilisable, mais non mobilisé ; cela m’a permis de veiller à mes affaires et d’attirer toute la clientèle de mes confrères. M. François d’Hersac pouvait s’embusquer… Vous avez des relations dans le monde militaire, en votre qualité de nobles ?

Laurence répondit, avec sa même raillerie hautaine :

— Certes… nous sommes apparentés au général de Castel dont les trois fils sont déjà morts à l’ennemi ; nous avons pour ami le commandant en chef de l’armée de l’Est. Et quand mon frère a reçu la croix de guerre, c’est le maréchal lui-même qui l’a décoré…

Thoyer répartit sans s’émouvoir :

— Oh ! bien, ma chère demoiselle, quand on veut se payer de l’héroïsme, il faut en avoir les moyens. Votre frère aurait mieux compris son devoir en aidant sa mère à acquitter mes créances…