Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/27

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des piles d’étoffes et de vêtements qui montaient jusqu’à la hauteur des comptoirs.

Tandis que sa plume active inscrivait des chiffres et des chiffres, sa pensée s’envolait vers les siens : François, qui les croyait tranquilles… Pauvre petit, s’il se doutait de l’effort héroïque qu’il avait fallu à Laurence, lorsqu’elle lui écrivait, pour retenir l’aveu, les douloureuses confidences qui l’auraient soulagée — mais qui l’auraient tant affligé, lui !… Et courageusement, elle refoulait son besoin d’épanchement ; faire partager sa souffrance, c’est l’alléger de moitié. Laurence s’imposait le devoir de porter seule son fardeau.

Et François continuait d’ignorer que leur mère, alitée, dépérissait lentement d’un mal inconnu, rongée de chagrin, minée par ses tourments. Il savait quelles étaient les difficultés de leur situation pécuniaire, mais il ne soupçonnait pas toutes les humiliations qu’elle avait values à Laurence.

Entre sa mère malade et son frère absent,