Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/8

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— Et puis, les Parisiennes ont tant de prestige même sous leur coiffe d’infirmière !

— L’ambulance de Neuilly-sur-Marne est occupée par la Croix-Rouge Américaine ; ce sont des compatriotes que j’y retrouverai.

Et le docteur Warton conclut d’un ton un peu sec :

— Je considère la rupture d’un engagement de fiançailles comme aussi grave qu’un divorce. Vous connaissez ma manière de voir qui est celle de tous les Américains ; je suppose que je suis assez loyal pour ne pas mériter l’affront d’un soupçon… Vous avez parfois, Bessie, des plaisanteries assez déplacées.

Ces derniers mots étaient dits en aparté. Bessie rougit un peu, elle murmura :

— Je voudrais partir avec vous, Jack.

— En admettant que cela fût possible, votre état de santé s’y opposerait ; vous êtes à peine remise d’une maladie grave.

— Oh ! je suis solide.

Pendant cette conversation tenue à l’écart, Teddy Arnott n’avait pas quitté sa sœur des yeux, l’observant avec sa sollicitude fraternelle.

Il s’approcha d’elle, et lui dit d’un ton caressant :

— Ne vous tourmentez pas, Bessie… Le colonel m’a affecté au transport des automobiles ; grâce à lui, quand nous serons en France, je m’arrangerai de façon à me trouver souvent dans la zone du docteur Warton ; et je vous enverrai des nouvelles très exactes de votre fiancé.

Le visage de Bessie se rasséréna ; une lueur mutine passa dans son regard. Elle remercia tendrement :

— Cher vieux Teddy… vous êtes un excellent frère.

Le docteur Warton considérait les deux