Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/95

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poussant le lit roulant où la malade va dormir encore longuement, de son sommeil léthargique. Le docteur encourage la jeune fille :

— Soyez heureuse… ça s’est bien passé.

Il ajoute — satisfait en sa qualité de brave homme, mais dépité dans son amour-propre de médecin :

— Warton a une sacrée chance !… parce que je persiste dans mon opinion… on n’opère pas une tumeur cancéreuse dans ces conditions. Il a risqué le tout pour le tout et le hasard lui a donné raison. Vous pouvez considérer votre chère mère comme en bonne voie de guérison… Nous avons trouvé un kyste où je supposais un cancer.

— Et alors ?… balbutie Laurence, tremblante.

— Les conséquences sont toutes différentes… L’opération coupe le mal dans sa racine ; aucun danger de récidive.

— Maman serait sauvée ?

— Je l’espère. Nous n’avons rien à redouter… que les accidents — très rares — qui surviennent parfois…

— Quels sont ces accidents ?

— Les complications dues au chloroforme… l’embolie… mais, je vous le répète, ce serait un accident exceptionnel. Il suffira de l’empêcher de remuer, à son réveil. Pas un geste… le repos absolu, l’immobilité pendant les premiers temps…

— Et elle se rétablira… tout à fait ?

— Mais, c’est très probable.

— Elle sera comme avant ?

— Elle retrouvera la santé parfaite.

— Il l’a sauvée !

Laurence a mis toute son âme dans cette exclamation.

Laissant le médecin, elle s’élance vers la salle d’opération : dire qu’elle n’a pas encore remercié Warton !