Page:Marais - Le Mariage de l adolescent.pdf/25

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rare. J’avais fait appel au médecin, et c’est un ami qui m’a répondu. J’ai vu ses yeux se mouiller devant mon chagrin. Mais il ne me comprend pas comme vous, car il blâme mon désespoir, tandis que vous, n’est-ce pas, vous sentez qu’il n’y a rien à me dire ?… On va vous envoyer mon livre. Quelle dérision ! Après trois ans d’attente où des bouquins de moi qui devaient paraître, attendent encore pour diverses causes de force majeure, ce petit roman[1], dont maman se réjouissait, me serre le cœur, publié à un tel moment ! Chaque page me rappelle un souvenir commun du travail exécuté par moi sous ses yeux… ma pauvre petite mère. M… à qui j’ai téléphoné mon malheur, a eu la bonté d’envoyer un employé et une voiture de livres chez moi pour le service de presse. Et cette pauvre chérie, qui ne peut plus parler, tend ses mains vers le volume quelle attendait avec fièvre. Il était annoncé pour le 8 août. Mon malheur m’a empêchée de m’en occuper à cette date. Eh bien, dans son lit depuis ce jour-là, tout le temps,

  1. Pour le bon motif.