Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/101

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qu’elle avançait à hauteur de sa bouche, tandis que l’Anglaise s’éloignait avec discrétion, affectant d’oublier ces clients attardés.

Vaincu, Maxime interrogea d’une voix douloureuse :

— Vous l’aimez encore, peut-être ?

— Qui ? Jacques ? Ah ! ah ! ah !… Pour qui me prenez-vous ? Je l’ai congédié, la semaine dernière.

Fargeau continua, enhardi par cette réplique :

— Je suis si épris de vous, Francine… vous êtes l’unique créature qui m’inspire une vraie passion… Je m’inquiète de vos moindres gestes… moi qui méprisais si délibérément mes aventures… Et la fatalité me présente à vous sous un aspect antipathique, dans un rôle insultant… Je vous avais perdue avant de vous connaître : vous m’avez détesté d’avance. Et maintenant… Maintenant, je ne rêve que vous, je ne veux que vous, malgré votre refus… C’est une obsession… Oh ! Vous avoir… vous posséder seulement une nuit !

— Cela n’est pas impossible…