Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/102

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Clarel avait détaché chaque mot avec une nonchalance étudiée. Elle lui coula une œillade perfide.

— Que voulez-vous dire, Francine ?

— Vous m’avez devinée, tout à l’heure, cher ami : j’espère me venger un jour de Jacques Lorderie et c’est pour atteindre ce but que j’ai formé le projet de vous intéresser à ma personne… Tant mieux, si j’ai réussi. Je suis Parisienne de naissance, mais il y a dans ma famille un ancêtre sarrasin… Quelques gouttes de sang oriental ont noirci mes yeux, mes cheveux… et mon âme. C’est vous dire que le nommé Othello était un peu moins vindicatif que moi. Par exemple, mon esprit, ultra-moderne, n’est pas aussi sanguinaire — et beaucoup plus raffiné. Ne craignez rien, Fargeau : c’est un rôle de comédie que je compte vous offrir… mon magasin d’accessoires ne contient pas de poignard — même en carton-pâte.

— Expliquez vous, Francine.

— Vous prétendez qu’il vous suffirait d’avoir une nuit de moi ?

— Oui, je suis prêt à tout, mais expliquez-vous !