Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/109

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femme et chercha l’âme de l’auteur entre les lignes. Mais là, encore, il eut une déception : Clarel étant l’une des rares romancières qui ont su résister à la tentation autobiographique. Volontairement impersonnelle, on la sentait étrangère à ses personnages ; et ce n’était pas au miroir qu’elle avait trouvé les gestes de ses marionnettes.

Fargeau élaborait d’invraisemblables conjectures : à quelles entreprises le destinait cette folle astucieuse ? Deux nuits… deux nuits… qu’avait-elle voulu dire ? La nuit : on aime, on vole, on tue… Dieu merci, Clarel n’appartenait pas à la catégorie des amantes criminelles. Songerait-elle à lui proposer de cambrioler l’appartement de Lorderie ?… ou de disputer à Jacques le cœur d’Annie Dumesnil ? Maxime plaisantait avec sa curiosité, comme on taquine un enfant impatient.

Le surlendemain, il avait tellement raisonné qu’il finissait par déraisonner. Il en arrivait à se persuader que Clarel avait imaginé de le faire divorcer afin qu’il se remariât avec elle. Fargeau épousant Francine, après la conduite