Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/113

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Il ajouta gauchement :

— Ma femme m’attend… Au revoir, mesdemoiselles.

Et il se retira, emportant, comme une flèche du Parthe, la blessure aiguë du sourire de Francine.

Thérèse Robert regardait fixement la portière qui retombait derrière le jeune homme ; ses prunelles s’attardaient avec une attention machinale sur les derniers frémissements de l’étoffe, le tremblotement des effilés. Peu à peu, les joues blêmes de la vieille fille rougissaient, devenaient luisantes ; ses yeux semblaient grossir, gonflés d’une buée humide : Thérèse pleurait silencieusement.

— Eh bien !… qu’est-ce que c’est, voyons ?

Francine l’interpellait avec une brusquerie affectueuse ; la jeune femme se rapprochait de son amie et la prenait par la taille. Thérèse balbutia :

— J’ai du chagrin…

D’une voix presque indistincte, elle fit cet aveu — si rare de la part d’une femme à une autre femme :