Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/116

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reilles et rêvé les rêves tendres des jeunes filles, j’en fus réduite à casser mon miroir, le jour où j’eus dix-huit ans, en ricanant, devant l’image détruite qu’emportaient les éclats de verre brisé : « Condamne-toi à un avenir stérile, ma petite… Tu ne pourras jamais choisir tes amours, avec cette tête-là ! »

Francine lui lança un regard d’amertume et d’ironie :

— L’amour… Thérèse !… Vous n’avez que ce mot à la bouche… C’est lui qui vous fait déplorer de n’être pas une merveille ? Pauvre amie !… Vous seriez la première à traiter d’insensé le chiffonnier qui désirerait de posséder un crochet en or pour ramasser les ordures ! D’abord, croyez-vous qu’il suffise d’être belle : j’ai connu d’admirables créatures qui ont rencontré plus d’un indifférent, et qui en ont souffert. Ensuite… ensuite… Voulez-vous savoir ce que c’est, ce piètre amour dont l’absence vous navre ? Écoutez ma vie ; vous me dites souvent que j’ai tout pour plaire… Eh bien, vous allez voir…

Elle poursuivit, la voix lointaine :