Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/119

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reluqué mes vingt-deux ans, mes yeux noirs et ma taille fine… Le prince de Lesparre : gentilhomme, millionnaire, député, sportsman, industriel et, désormais, directeur d’un grand quotidien… Je fus très fière d’être la maîtresse du « patron »… Je m’imaginais faire acte d’ambitieuse. Hélas ! quelle liaison décevante !… Le prince est un dépravé maussade ; et tous mes élans d’affection se heurtaient à son cynisme de fêtard blasé. Oh ! ces nuits interminables, ces mignardises excédantes des vieux amants ; et surtout, cette manie de parler qu’ont les hommes, dans ces moments-là… Ces mots bébêtes, obscènes, vulgaires… Par instant, je criais, écœurée : « Mais, tais-toi… Je t’en supplie, tais-toi ! » Une minute d’exaspération me poussa à rompre… Je perdais le prince, le journal et ma situation… Heureusement, j’avais des rentes personnelles, très modestes, mais suffisantes… Après cette crise, je me replongeai dans les livres : la lecture est une excellente détente… Un soir que je feuilletais les Confessions de J.-J. Rousseau, mes yeux s’arrêtèrent sur cette phrase : « Il est trop difficile