Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/121

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c’était le lien affectueusement charnel, entre amants qui s’estiment… Je me considérais comme sa seconde femme… Et il n’y a pas six semaines, ce goujat me proposait à l’un de ses amis, ainsi que l’enjeu d’un pari stupide. Il me traitait à la façon d’une ribaude dont on joue la possession d’un coup de dés ; ou à la manière d’un cheval que deux jockeys essayent, à tour de rôle… Ah !

Francine conclut, d’une voix coupante :

— Eh bien, voilà !… Tout ça, c’est l’amour, mon amie Thérèse… La trahison, le libertinage et l’ignominie… Ce sont toutes ces bonnes choses que vous regrettez !

Elle ajouta, avec une émotion inattendue :

— Quant à cette ardente chanson qui, parfois, nous monte aux lèvres par un jour de beau soleil : la grande passion… ah ! sapristi ! je suis bien heureuse de n’avoir jamais rencontré l’homme capable de me l’inspirer. Ça doit faire encore plus mal. Je sens que je l’aurais tant aimé… moi qui n’aime personne. Il vaut mieux garder son cœur vide que de s’éprendre d’un infidèle.