Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/130

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ne suis qu’une simple petite bonne femme prête à répondre à vos questions…

Elle avait quitté le ton du badinage ; elle était enfin décidée à s’expliquer. Maxime se pencha vers la jeune figure animée : des mèches désordonnées tombaient sur le front, sur les yeux vifs qui luisaient comme ces yeux de griffon dont la prunelle scintille à travers une frange de poils trop longs ; et les lèvres entr’ouvertes ébauchaient, par habitude, leur sourire toujours ironique.

Fargeau eut l’intuition qu’elle allait le faire sombrer dans une trouble aventure ; mais, à quoi bon lutter ?… Il se rappela un ouvrage de son enfance où le mazdéisme était exposé en quelques naïves anecdotes à l’usage des écoliers : au cours de ces historiettes, le perfide Ahriman, après mille péripéties, était invariablement vaincu par le bon Ormazd. Longtemps, le petit garçon, imbu des légendes merveilleuses, avait peuplé le monde où il vivait des deux génies, l’un nuisible, l’autre bienfaisant : Ahriman, le camarade qui volait ses billes, le domestique qui le frappait, le maître qui le