Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/131

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punissait ; Ormazd, le parrain qui lui apportait de beaux livres reliés d’or et de pourpre, l’ami Lorderie qui se pliait à ses moindres caprices ; et la caresse maternelle dont il sentait l’effleurement léger, chaque soir, quand il commençait à s’endormir… Son expérience juvénile lui avait enseigné peu à peu que, dans la vie réelle — à rebours du dénouement moral de ses contes orientaux — c’est toujours Ahriman qui l’emporte… Et, à cette minute encore, Maxime, incliné vers Clarel, cédait au cher mauvais Principe.

Il parla, l’accent léger, pour se dissimuler les conséquences peut-être graves de l’entretien :

— J’ai rêvé parfois que le diable m’achetait mon âme ; j’ai rêvé hier qu’une femme m’achetait deux nuits ; j’ai donc trois chances de perdre mon salut éternel. Et je viens vous demander, aujourd’hui, de me donner la clé du songe : que sera-t-il, demain ?

— Un cauchemar !

Fargeau n’avait ni le goût ni l’aisance de Francine, pour ces conversations en jeux de