Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/147

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un peu flou, au caractère indécis : la femme qu’il n’avait jamais songé à désirer.

Maintenant, il cherchait à se la représenter exactement : elle était blonde — ou châtain ; petite, grasse, déjà alourdie par l’embonpoint de la trentaine ; elle avait des joues rondes et fraîches, de beaux yeux bleus, une bouche pulpeuse dont la lèvre supérieure, presque toujours retroussée, découvrait les dents très blanches ; et elle était gaie, d’une humeur de fauvette jacasse.

Il la revoyait, assise à sa gauche, pendant les dîners auxquels ils se retrouvaient, deux ou trois fois dans l’hiver ; il se rappela soudainement ses épaules charnues qui fleuraient le muguet.

Et il fut tout troublé de se souvenir que la femme de Lorderie était jeune et attrayante… La machination de Francine lui paraissait moins fantasque, mais plus redoutable.

Lentement, à pas hésitants, Maxime se rapprocha de la porte d’entrée. Il pénétra sous la voûte. Son cœur battait à coups saccadés, comme décroché entre ses côtes, l’oppressant