Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/150

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Le salon de madame Lorderie était fréquenté par des bourgeoises oisives — ses connaissances particulières — et par des artistes débutants, qui jugeaient habile de faire leur cour à la femme afin de se concilier la faveur du mari. Les propos se ressentaient de ce double courant ; tour à tour trop futiles ou trop littéraires. Tandis qu’une dame vantait le talent de sa couturière (une ancienne « première » de la rue de la Paix), deux jeunes gens — sans pitié pour leurs voisines — entamaient une fougueuse discussion sur l’évolution politique d’un illustre écrivain contemporain.

Souriante et sereine, indifférente à ces papotages discordants, Denise Lorderie ne s’occupait que de ses bonnes, surveillant du coin de l’œil la façon dont elles préparaient la table à thé et les gâteaux. De temps en temps elle s’efforçait de saisir une réplique au vol et lançait à l’un et à l’autre, au petit bonheur, une phrase qui n’avait aucun rapport avec l’entretien : mais ces quiproquos passaient inaperçus.

Maxime se rappelait, à présent, que Renée lui avait annoncé au déjeuner : « Cet après-