Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/152

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tant de n’avoir pas d’enfant ! Pour un peu, j’irais à Lourdes…

Maxime sourit malgré lui. Sa femme, délicate et maladive, guettée par la tuberculose, eût redouté à l’égal de la mort une grossesse qu’il lui avait toujours épargnée. Mais Renée — bien qu’elle fût peu mondaine — affectait, dès qu’elle était avec une amie, ce ton faux, ces sentiments outrés, cette sensibilité mensongère qui caractérisent la conversation des femmes, et les mettent toutes à l’unisson, dans ce concert de bavardages où l’hypocrisie donne le la.

Maxime examinait attentivement Denise Lorderie, un peu boulotte mais fort élégante dans sa robe de charmeuse gris perle ; ses cheveux châtain clair, relevés en arrière, dégageant le front, encadraient d’ondulations régulières un visage rond et rose de belle Flamande ; ses regards bleus avaient une expression charmante de quiétude et de candeur : on sentait que l’idéal de Denise se bornait à son existence paisible, à son mari aimable et volage, à sa fillette docile.