Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/153

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Il songea : « Si jamais je séduis une telle femme, je mériterai mon surnom !… Elle a autant de dispositions pour l’adultère que Francine Clarel pour les pénitences monastiques… D’ailleurs, je ne saurais lui plaire, car elle ne me tente pas du tout. »

Puis, il contempla sa femme : souple et frêle, Renée offrait une délicieuse figure affinée sous la mousse pâle d’une chevelure presque argentée à force d’être blonde ; ses yeux verts, à la prunelle dilatée, avaient la douceur alanguie d’un regard de chatte paresseuse. Adorablement coiffée d’un petit bonnet d’hermine, enroulée dans une étole de renard blanc, la jeune femme considérait tendrement son mari, heureuse de se sentir jolie en sa présence.

Il regarda les autres visiteuses : une vieille dame quelconque flanquée de deux adolescentes anémiques, une belle rousse appétissante qui dévorait un petit pain fourré avec une sensualité engageante ; et trois jeunes femmes animées qui comparaient les mérites respectifs de leur domesticité. Il s’émanait de