Page:Marais - Les Trois Nuits de Don Juan.djvu/171

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gageait un chaud parfum de cassolette ; l’apparition de Francine étendue dans un grand lit bas — peu approprié aux nuits solitaires — avaient imprégné Maxime d’une veulerie sensuelle et soumise qui ressemblait à la douceur rampante et servile des fauves, auxquels le dompteur va distribuer la pâture sans cesser de les menacer de sa cravache.

La jeune femme avait le teint assez pâle pour feindre une indisposition ; mais ses yeux, qu’elle avait bistrés d’une ocre artificielle, étaient ceux d’une maîtresse épuisée bien plus que d’une malade affaiblie. Et Fargeau fut impressionné à la vue des cheveux éparpillés en nappe brune sur l’oreiller ; il est rare qu’une belle chevelure se fasse valoir autrement que décoiffée : Francine avait profité d’une occasion inusitée. Elle savait également qu’une femme vraiment jeune n’est jamais plus jeune qu’au lit : ce négligé galant lui rendait ses dix-huit ans.

Et, ce jour-là, Fargeau l’avait fixée avec un regard si bizarre qu’elle avait murmuré :

— Allons !… vous vous décidez ?